22.7.07

L'objet de la médiologie.

QU'EST-CE QUE LA MÉDIOLOGIE ?

Élucider les mystères et paradoxes de la transmission culturelle - tel est le but de la médiologie.
On s'efforce de comprendre comment une rupture dans nos méthodes de transmission et de transport suscite une mutation dans les mentalités et les comportements et, à l'inverse, comment une tradition culturelle suscite, assimile ou modifie une innovation technique.
Le regard, plus généralement, porte sur les interactions technique/culture, au carrefour des formes dites supérieures de la vie sociale (religion, art, politique) et des aspects les plus humbles de la vie matérielle (usuels, banals, triviaux).

La médiologie n'est pas une doctrine, ni une morale. Encore moins une «nouvelle science». C'est avant tout une méthode d'analyse, pour comprendre le transfert dans la durée d'une information (transmission). Non un domaine spécial de connaissance (comme l'est la sociologie des médias) mais, plus largement, un mode original de connaissance, consistant à rapporter un phénomène historique aux médiations, institutionnelles et pratiques, qui l'ont rendu possible. On se conduit en médiologue chaque fois qu'on tire au jour les corrélations unissant un corpus symbolique (une religion, une doctrine, un genre artistique, une discipline, etc.), une forme d'organisation collective (une église, un parti, une école, une académie) et un système technique de communication (saisie, archivage et circulation des traces). Ou, plus simplement, quand on met en ligne un dire, la façon de le dire et qui tient à le redire.

Nombreux et multinationaux sont les défricheurs et précurseurs du champ médiologique entendu comme l'exploration du monde symbolique par le biais logistique : Victor Hugo («ceci tuera cela»), Walter Benjamin, Valéry, McLuhan, Walter Ong, etc. La médiologie s'efforce de donner cohérence, intelligibilité et prolongements aux intuitions des grands pionniers, pour contribuer à ce qui pourrait un jour ressembler à une écologie de la culture.

29.5.07

La carte du Parti de la Presse et de l'argent.

C'est le site Betapolitique qui l'annonce :

"La Carte du Parti de la presse et de l’argent (p. 10-11)

Qui possède quoi dans les médias ? Le Plan B publie une version actualisée de sa célèbre carte du PPA. Un document indispensable pour circuler dans la jungle de la presse sans croiser Lagardère à la tombée de la nuit."

Comprenons nous bien, l'idée n'est pas de "prendre la carte du Parti"... enfin de celui-là !

En fait ladite carte, telle une carte de géographie, permet de se repérer : superficie, voisinages, frontières, entre les grands groupes de presse et d'argent et les forces politiques de ce pays.

La version 1 de la carte était superbe : on va s'arracher la 2 !


7.5.07

SUR LA CRITIQUE DES MEDIAS

UNE CRITIQUE VITALE

Cette citation, que l'on pourrait mettre en exergue du blog Medianalyse, est extraite de l'article Autopsie des médias, écrit par Eric AESCHIMANN, paru dans le quotidien LIBERATION du samedi 28 avril 2007 :

« Entre l'universel absolu et le personnel absolu, le système médiatique est en train de se cliver, ouvrant une nouvelle phase de la conscience humaine. Il faudra, conclut Lévy, «forger des concepts, élaborer des outils intellectuels adaptés à cet objet dont nous sommes le jouet». La critique des médias n'est pas seulement souhaitable, elle est vitale. »

Il s'agit d'une critique du livre Le Premier Pouvoir, Inventaire après liquidation d'Elisabeth Lévy, éditions Climat, 164 pp., 15 euros.

Lire l'article d'Eric AESCHIMANN


4.5.07


Etes-vous bright ? Naissance d'un mème.


Non je n'ai pas fait de faute d'orthographe dans le titre !


Quoi de plus captivant pour un astrophysicien que d'observer « en direct » l'apparition d'une super-nova ?


Quoi de plus stimulant pour un medianalyste que d'assister à l'éclosion d'un mème ?


un mème : un mème, par association d’idées avec un gène, se veut l’équivalent métaphorique pour la culture (stocké dans les cerveaux humains) du réplicateur qu’est l’ADN, se transmettant par contagion et imitation. C’est le zoologiste d’Oxford Richard Dawkins qui est crédité de la première publication du concept de mème dans son livre Le gène égoïste de 1976. Des exemples de mèmes sont ainsi des idées, des mélodies, des modes vestimentaires, des recettes de cuisines, des « trucs de grand-mère », etc. Richard Dawkins range les religions parmi les plus puissants de ces virus mentaux. L’ambition des créateurs du néologisme bright était d’en faire un mème, à savoir un mot « sonnant bien », facile à retenir, et se propageant par contagion et imitation sur toute la planète. Seule l’histoire pourra dire, avec le recul, si cet essai a été transformé.


Le terme « bright » est précisément l'un de ces mèmes fabriqué pour les besoins de la cause par ses concepteurs :

« Les Brights sont un mouvement international fondé sur l’utilisation d’internet. Ce site et les initiatives connexes (forum, liste de distribution) qui l’accompagnent traduisent la diffusion, la « contagion par imitation » du mème Bright en France.

La première idée générique est de créer un nouveau nom commun destiné à servir de bannière (les principes), à une échelle internationale, à tous ceux qui perçoivent la réalité de l’univers tel qu’il est, c'est-à-dire régi par des lois naturelles, et excluent le recours à des hypothèses surnaturelles. L’idée des concepteurs (Paul Geisert et Mynga Futrell, de Sacramento, Californie) était de trouver un nom agréable à utiliser, facile à mémoriser, permettant une communication adaptée aux moyens techniques contemporains, et avec lequel ceux qui se retrouvent dans cette définition générique se sentent bien.

Comme le biologiste britannique de l’évolution, Richard Dawkins l’a expliqué dans le Guardian en juin 2003 l’analogie avec la méthode mise au point par le mouvement de la visibilité homosexuelle est délibérée : « Gay est concis, valorise et positive alors que homosexuel est dévalorisant, et que pédé, tapette, ou chochotte sont des insultes. ». Le nom commun Bright , forgé tout comme Gay, à partir d’un adjectif pour lequel un glissement de sens est opéré, a vocation à être ce terme générique concis, qui valorise et qui positive l’attitude de celles et ceux qui partagent une posture philosophique, éthique et d’action naturaliste* . »

Athées, rationalistes, libre-penseurs, les brights peuvent être cela, membres ou non d'une association regroupant des individus partageant la même « posture » idéologique. Le terme « incroyants » ne leur convient pas car il « suggère insidieusement qu’une « croyance » ou une « foi » seraient la référence. » Le terme naturaliste décrit au mieux la conviction des brights : « naturaliste [adjectif] : considérant que la réalité est gouvernée par des lois naturelles (par opposition à surnaturelles). »


En France quatre initiateurs ont lancé le « mouvement bright », un mouvement auquel « on n'adhère pas » mais dont « on se revendique ». En bref on se déclare bright, libre à chacun d'être ou non membre d'une association...

Si je publie cet article aujourd'hui sur ce blog, c'est d'abord parce que je trouve l'idée à la fois originale et sympathique. C'est aussi par intérêt pour cette notion de « mème » qui trouve immédiatement et très naturellement sa place dans les outils de la medianalyse. C'est enfin par intérêt pour cette expérience visant à créer délibérément un terme générique ayant vocation à se répandre via internet : cela prendra-t-il ?

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